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Vincent Seclin
14 juin 2016

Intelligence collective et économique

Dernièrement, j'ai eu l'occasion de suivre un séminaire à Paris, au cours duquel un intervenant s'est intéressé au problème de l'inflation. Son propos m'a semblé d'autant plus intéressant qu'il reposait sur une vision à long terme. Il ne s’intéressait en effet pas aux coûts temporaires entraînés par la lutte menée pour juguler l’inflation, mais à la façon de maintenir celle-ci à un bas niveau. Et selon lui, cela passait par le contrôle de la banque centrale. Sa première suggestion consistait à faire voter une loi limitant en permanence le taux de croissance de la masse monétaire, à 4 % par an par exemple. Pourquoi 4 % ? Parce qu’à long terme, le progrès technique et un stock de capital accru augmentent le produit potentiel et le revenu réel. En conséquence, la demande d’encaisses réelles s’accroît et il est alors possible d’augmenter légèrement la masse monétaire nominale même si les prix restent constants. Le taux exact auquel la masse monétaire nominale pourrait croître sans exercer à long terme de pression à la hausse sur les prix est selon lui probablement compris entre 2 et 4 %. Cette suggestion a en fait pour objet de limiter 1a liberté d’action du gouvernement. En effet, juste avant les élections, les gouvernements ont l’habitude d’augmenter la masse monétaire. Quand les prix et les salaires s’ajustent lentement, ils s’assurent ainsi une expansion provisoire du produit peu avant les élections, alors qu’à long terme, la seule conséquence est une hausse des prix. Une réglementation stricte de la banque centrale, expliquait cet intervenant, écarterait ainsi cette tentation et éviterait des flambées de croissance de la masse monétaire et d’inflation aux époques d’élections. Elle accroîtrait aussi à long terme la crédibilité d’une politique monétaire restrictive. Les travailleurs sauraient que des salaires plus élevés ne seraient pas accompagnés par une croissance de la masse monétaire nominale, et qu’ils auraient donc pour effet de réduire la demande globale et d’augmenter le chômage jusqu’à ce qu’ils reviennent à un niveau compatible avec la masse monétaire nominale. Cela dit, là où le bât blesse, c'est dans l'application d'une telle mesure : comment faire voter aux politiques des mesures allant à l'encontre de leurs pratiques ? Même une chose aussi simple que le cumul des mandats n'a pas été combattue. Hollande, qui avait juré qu'il n'y en aurait pas sous sa présidence, a actuellement deux ministres cumulards. Alors, vouloir limiter l'action du gouvernement sur l'inflation s'apparente à une vue de l'esprit... Pour finir, j'aimerais dire un mot sur l'agence qui a organisé ce séminaire qui a fortement développement ce que l’on appelle l’intelligence collective (suivez le lien pour la signification). Habitué que je suis à ce type d'événements, il est rare que je sois surpris. Je suis, disons-le tout net, un peu blasé en la matière.

conference

 

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